passion led us here

Il m’est arrivé à plusieurs reprises quelque chose d’assez gênant. Au détour de conversations banales où chacun se présente, raconte un peu son parcours, ses occupations, d’évoquer ma passion pour la comédie, le chant, ma passion pour l’astrologie… En face, la personne me félicite et me témoigne une forme d’admiration un peu embarrassante et très embarrassée : « Wow, c’est génial que tu fasses tout ça, que tu fasses ce que tu aimes. Moi, je n’ai pas de passions. » 

Trouver le feu des passions.

Et là, c’est le drame. Dans mon inconscient volcanique, brûlant de tout apprendre et de croquer la vie, ses meubles, ses enfants, je tente de relativiser. « C’est impossible que tu n’aies pas de passions. Il y a forcément quelque chose que tu adores faire. Quand tu as du temps devant toi, il y a forcément un truc qui t’obsède un peu, une envie, un désir, un hobby. » La personne hébétée me jette un regard un peu paumé en me confirmant que non, elle ne s’enflamme pas, de rien, jamais. Rien ne l’anime. A ce moment précis, j’ai l’image d’un jouet dont les piles sont fatiguées. Je cherche à ouvrir le bastringue pour fouiller à l’intérieur mais ce sont toujours des tout petits tournevis qu’il faut pour lever le capot des boitiers à piles de nos jouets d’enfance. Chiotte. Je suis condamnée à voir la vis loin, bien enfoncée dans le pas-de-vis et entendre le faible murmure du jouet, interminable cri hanté, sans rien y pouvoir faire. 

Y-a-t-il déjà eu un feu dans cette cheminée ?

Je pose plein de questions. As-tu toujours été ainsi, sans passions ? Tu ne veux pas essayer plein de trucs alors ? Puisque c’est la porte à toutes les découvertes, pourquoi ne l’ouvres-tu pas ? Qu’attends-tu ? On me répond que ça a plus ou moins été ainsi depuis toujours. Comme si le bouton « émoi » était hors d’usage.

POUR LES PASSIONNéS

Les passions conservent.

Lorsqu’on est passionné, on ne compte plus ses heures. Tous les coups sont permis. On dispose des moyens nécessaires pour parvenir à ses fins, et quand on n’en dispose pas, on met tout en oeuvre pour que cela se produise. On s’use les yeux et le coeur dans l’exercice de sa passion pour le plaisir, le bonheur, la satisfaction personnelle et partagée d’être arrivé au bout d’un summum de perfection. On s’instruit encore et toujours à la recherche du Graal, de la pierre philosophale. On perce des mystères et l’on devient incollable par amour de l’objet de sa passion. J’ai le sentiment (subjectif) que la passion, c’est ce qui maintient dans une fraîcheur, une jeunesse, une ferveur de l’âme, voire une forme de discipline.

Vivre sans passions : une souffrance ?

Encore une fois, dans ma tête, l’absence de passions : c’est la mort. Celles que j’ai citées sont celles qui m’animent jour après jour, et qui font l’objet de mon travail, mais j’en ai plein d’autres. Et si je n’avais pas eu celles-là, elles auraient été remplacées par de nouvelles. J’ai découvert, que beaucoup de gens boudés par les passions en souffrent. Ils se sentent parfois vides, creux, comme éteints. Vous avez sans doute remarqué plus haut, j’ai employé l’expression « les passions qui animent ». C’est en effet comme si la passion était un compteur électrique, et que son absence ne permettait pas de restituer la circulation de l’énergie en vous. C’est du moins ce que le langage courant (ah ah) tend à nous faire croire.

Vivre sans passions : des soucis en moins.

Si l’absence de passions est parfois difficile à vivre pour ceux qui en manquent, elle est aussi un soulagement pour d’autres. Les passions sont aussi ce qui nous fait brûler la vie par les deux bouts. Les passions sont des sortilèges pouvant mener aux addictions. Les passions nous rendent boulimiques de sensations. On en veut plus, encore, toujours. La passion et la satisfaction sont souvent incompatibles. On se satisfait rarement de ce qu’on expérimente, de ce qu’on offre parce que l’on vit sur des projections de ce qui aurait pu être mieux, de ce qui devrait changer. Ne pas avoir de passions : c’est s’affranchir de certaines pulsions de vie, mais aussi éviter les coups durs qui surviennent par la suite.

PASSIONS

La sagesse bouddhiste et la constance

Même si je suis heureuse d’être une passionnée, je suis très fière maintenant de l’être moins. Les passions m’ont fait atrocement mal. Prendre les choses à coeur, se donner à corps perdu. L’exigence que requiert une passion peut être destructrice. Au service de sa passion, on s’enlise dans une spirale infernale, un long puits aux pentes glissantes. La passion arrivée à son paroxysme peut exploser en plein vol. On se retrouve dégoûté, fatigué, humilié, désillusionné. Le charme est rompu et il ne reste que la déception, la solitude d’une passion déchue. S’éloigner d’elle, la tenir à distance, c’est protéger son moral, son humeur, son confort de vie. Les sensations fortes donnent le sentiment d’être vivant. Le challenge ultime n’est pourtant pas d’être très heureux 24 heures dans le mois, mais d’être heureux tout le temps, de ne plus prendre pour soi les aléas de la vie, d’aimer sans attendre en retour, de savoir se retirer quand son heure est venue.

En bref, les passions ont leurs bons comme leurs mauvais côtés. Jalouser ceux qui en ont, est ridicule. Il faudrait aussi les plaindre sachant toute l’énergie que ça coûte, les doutes, le manque, les blues, les douleurs. Aux passionnés, je leur dirais de rester attentifs, de veiller à ce que leurs passions ne les avalent jamais tout entiers.

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Thème astral Astrologie astrologue

11 réponses

  1. Merci pour cet article. J’y ai retrouvé beaucoup de choses que j’ai connu. L’absence de passion pendant longtemps qui me donnait l’impression d’être moins que les autres. Puis une passion qui m’est tombée dessus et qui m’a bouffé la vie pendant sept ans. Je l’ai lâchée il y a peu et ça fait un bien fou !

  2. Intéressant ton article Ornella!
    La passion est un très bon moteur mais dans l’excès elle peut faire des ravages considérables.
    Tout est dans la mesure. Toujours.
    Et c’est une passionnée qui le dit!

  3. Le ted talk-show sur les « multipotentialistes » permet de décomplexer ceux qui, comme moi , n’ont pas de réelle passion dans la vie !

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