Novembre 2018. Deux ans et 3 mois après mon tout premier road trip estival sur l’île de glace. J’y retournais seulement quelques jours : 4 précisément. Pour respirer, accompagnée de mon Eve. J’ai pu lui faire découvrir mon précieux univers, et à ses côtés, je l’ai moi-même vu sous un autre jour.

Une lumière crépusculaire

La première chose qui frappe, c’est qu’en atterrissant à 14H30, le Soleil se frotte déjà vigoureusement les yeux avec ses poings, en baillant à s’en décrocher la mâchoire. La lumière rase le tarmac. Le jour s’éteint dans une douceur exquise, un calme fracassant qui n’appartient qu’à cette terre. J’avais dans mes souvenirs de vertes montagnes, gorgées d’eau et de chlorophylle, des moutons partout qui paissent, des géants de pierre volcanique, coiffés de mousse voluptueuse. L’Islande est même le seul pays où j’ai pu voir un ciel vert, et je ne parle pas d’aurores boréales. Je n’explique d’ailleurs pas non plus ce phénomène.

Après avoir récupéré notre voiture de location, en prenant la route, il m’a été donné de voir un tout autre spectacle. Le vert devient fauve. La chlorophylle se change en ocre. Les champs roussis, brunis, tannés par le soleil donnent des airs de savane. Les herbes hautes ont fini par se pencher sur le flanc. Et le jour avait des allures de coucher de soleil, du matin au soir (de 11h00 à 16h00 donc). Une lumière basse dorée, merveilleusement chaude et flatteuse.

La rituelle balade à cheval

Le Soleil semblait mettre des heures à se lever. C’est comme s’il se relevait chaque matin avec une gueule de bois carabinée et que ça lui prenait une journée entière pour poser un pied par terre, s’asseoir sur le bord du lit, avoir la tête qui tourne et finalement réaliser qu’il préfère se recoucher. Quand nous sommes arrivées au hara de Skalakot, grâce auquel j’avais déjà fait une merveilleuse balade, 2 ans avant, j’ai reconnu des visages familiers, souriants. J’ai vu qu’un hôtel-restaurant avait germé juste à côté, dans lequel nous avons d’ailleurs diné un soir, un chouette et chaleureux endroit avec une très bonne carte.

Il était près de 12H00 quand nous sommes arrivées, et la pluie tombait sur les prairies, une pluie de diamants caressait l’encolure de ce petit cheval caramel, curieusement si bien assorti au décor (en haut de la galerie). Déjà, l’été, ce pays m’avait paru si tranquille : la force des éléments se jouait avec élégance devant nos yeux. En novembre, c’était encore autre chose : un univers si paisible, pas un bruit, juste cette si charmante lumière, cet éclat de miel et d’ambre sur toutes les terres. Je n’en revenais pas. Même les chevaux semblaient en pleine méditation. J’ai réalisé que je n’en ai pas entendu un seul s’exprimer, hennir, je veux dire. Je ne sais si c’est propre à la race, mais s’ils étaient joueurs, c’était dans le calme ; s’ils étaient joyeux, c’était avec apaisement et pudeur. J’ai pris plus de plaisir encore à faire cette balade en automne qu’en été.

Le parcours fût strictement le même, mais je redécouvrais avec émerveillement un pays dont l’habit de couleurs avait muté. C’était comme un deuxième rencard. Elle s’était apprêtée différemment et bichonnée pour me séduire. J’ai ri aux éclats quand mon cheval a voulu galoper sous moi. J’ai souri tout du long avec un sentiment très profond : On n’est jamais mieux qu’à la maison. Et à dos de mon cheval, dans ce moment privilégié, sous cette latitude, j’étais chez moi.

Eyjafjallajökull : vues spectulaires du glacier

Les routes étaient scandaleusement belles. Nous faisions toutes les 10 minutes des arrêts photos, tant les spots étaient prometteurs. Cette vue lointaine du fameux glacier Eyjafjallajökull me coupait le sifflet. Je précise ici qu’aucune de mes photos n’a subi le moindre traitement. Elles sont brutes à l’image des paysages islandais.

Reynisfjara : mon incontournable

La plage de sable noir. Toujours voilée, toujours blanche en son ciel. Le contraste donne le sentiment de s’être perdu dans une dimension sans couleurs, où le Black and White est légion, hormis pour les quelques brins d’herbe roussie sur le haut des orgues basaltiques. J’ai eu si froid sur cette plage. Le vent y est glaçant, il enserre la tête dans un étau. J’aime pourtant sa poésie, ses lames de couteaux, ses galets polis, et les anoraks fluos montés sur gambettes, déambulant le long du rivage.

Skogafoss : 15H30, le soleil se couche

A peine 15H00 et le linceul nocturne recouvrait déjà l’horizon. Un détour par Skogafoss, puissante, impressionnante et son rideau blanc. J’y vois la cape de Gandalf le Blanc, la traîne de Lady Di ^^. L’accès à l’arrière de la cascade fût interdit, trop dangereux je suppose en cette période de l’année. Dommage. Nous avons vu le soleil émettre un long soupir avant de basculer dans un sommeil profond du haut des 62 mètres de la cascade.

Heimaey : Nouveaux bungalows

Ceux-là sont les petits nouveaux de l’île d’Heimaey. Des bungalows taillés dans un style remarquablement mignon. C’est agréable de voir que les islandais ont à coeur de garder leur environnement harmonieux. Ces petites chambres en forme de bûchettes sont particulièrement craquantes.

Le Rocher aux Alliances

Un mini-conte que m’a inspirée mon Eve, en pleine communion avec le roc. Certaines d’entre vous, l’ont sans doute déjà découvert sur Instagram :

Il était une Fois, une mousse tendre et moelleuse poussant sensuelle à la surface froide et coupante d’un rocher dangereux. On raconte qu’un jour, un géant pris d’une épisodique fureur attrapa le premier mouton pour le jeter contre ce rocher. Mais sa colère n’eût pas raison de la bête innocente. Elle-même fleurie d’une laine épaisse alla rebondir contre la mousse généreuse et verte recouvrant le grand caillou. Retombée sur ses pattes, elle prit la tangente, sautillant comme si de rien n’était. 🐑 La légende du Mouton sauf, épargné par un rocher magique se répandit rapidement. De jeunes couples ne tardèrent pas à se retrouver au soleil couchant devant ce colosse minéral afin de formuler des vœux de mariage, s’assurer prospérité et joie éternelle dans leur union, ainsi que pour leurs enfants à venir. On dit que des siècles plus tard, de nombreuses femmes et de nombreux hommes vinrent se recueillir sur ce rocher, dans la solitude et le secret, afin de se relier à eux-mêmes. De se marier avec leur âme, de formuler une prière d’amour à leur être avant de pouvoir s’offrir à quiconque, sans risquer de se perdre.

La plus vieille ferme d’Islande

Apparemment, les ruines de la plus vieille ferme d’Islande ont été retrouvées en 1971 et une autre a été bâtie à la place selon la technique utilisée à l’époque. Qu’allait découvrir Eve derrière cette porte ? Rien, elle était verrouillée. ^^

Vue sur le golf et le littoral

Comment imaginer qu’en été, ce n’est qu’un green impeccable, un terrain de jeu idéal pour tous les golfeurs venus de l’Île Mère ? La vue de la colline sur les deux volcans était au poil. Nous nous sommes assises là pendant 15 minutes, à regarder en bas, à reprendre notre souffle, à observer les oiseaux nicher.

Autour de la côte

Mes hautes herbes. De la paille d’or dans une couverture de coton. Du vent dans les oreilles, nous admirions le rocher de l’éléphant, la trompe inlassablement enfoncée dans l’eau. Mention spéciale pour cet escalier de bois menant tout droit à l’étage du ciel.

Le cimetière d’Heimaey

Vous avez découvert avec moi le cimetière de Porto et bientôt vous découvrirez celui de Sydney. Je n’avais pas pris le temps de visiter le cimetière d’Heimaey en 2016. Que des Islandais enterrés là-bas, sauf un : un polonais. Très joli. Quelques belles sépultures, notamment celles ci-dessous. J’ai pu rentrer dans la deuxième plus vieille église d’Islande et discuter avec un sexagénaire qui a vécu l’éruption volcanique de 73. Il m’a aussi raconté les dramatiques invasions ottomanes, il y a 4 siècles, les kidnappings d’islandais réduits en esclavage, les pillages.

Selvallalaug, la plus vieille piscine d’Islande

Creusée à l’origine pour les résidents du coin. Risible étant donné qu’en 2018, la première baraque était à 3km en voiture, et qu’il faut marcher 20 minutes pour y accéder. Ils n’ont vraiment pas la même notion du voisinage que chez nous. Cette piscine est pelotonnée contre une montagne, ses vestiaires sont rustiques et pour cause : elle date de 1923. Elle est nettoyée deux fois l’an. A 20°C l’hiver, et à 36°C l’été, elle est un revigorant bain auquel nous n’avons pu succomber, faute de temps et de courage sans doute. Car si l’eau est à 20°, l’air ne dépasse pas 6 degrés. Des veinures d’eau chaude se déversaient partout autour et finissaient en un mince torrent dont l’écoulement avait ceci de profondément relaxant. J’ai glissé deux fois ; deux fois les quatre fers en l’air. J’ai fini le cul sur une pierre à me laisser bercer par le chant des cailloux et de l’eau. C’était le matin et le soleil se faisait attendre…encore.

Le calme troupeau de Meuh Meuh islandaises

Ces demoiselles-ci sont venues avec la plus grande méfiance vers nous, une fois que nous avions quitté le domaine de la piscine cachée. Le matin encore. Photogéniques mes vachettes, adorables avec leur brushing sur la tête. Elles ne manquaient pas d’espace. Une dizaine pour des hectares entiers. Par les temps qui courent, voir des animaux d’élevage dans l’aisance et la tranquillité est un luxe dont j’ai profité allègrement.

Seljalandsfoss

J’ai dormi quasiment à son pied, 3 nuits d’été, deux ans auparavant. Seljalandsfoss est majestueuse toujours et ma photo ne le lui rend que trop peu. Mais elle s’est transformée. Auparavant, le seul artifice était un projecteur allumé la nuit afin de regarder son spectacle, tout feux du ciel éteints. Maintenant, c’est un parking avec un ticket, des stands où acheter des peaux de renards et autres souvenirs locaux (gants en laine, tee-shirts, figurines). Un vrai business s’y installé. J’en ai eu le coeur un peu brisé.

La baie de Reykjavik

Nous avons fini par regagner Reykjavik, nous balader dans la ville, assister à un concert au Kex Hostel, notre auberge (qui décidément est un passage obligé pour moi), déguster un curry de butternut aux pois chiches, et dormir quelques heures avant de prendre l’avion. Sur quatre jours, nous n’avons pu caresser que le Cercle d’Or, faire des choix, des sacrifices car il y a tant d’éblouissants trésors sur cette île.

Ma deuxième rencontre avec l’Islande fût une réussite à bien des égards. Je l’ai retrouvée, ma chère, ma tendre, ma douce. Je l’ai vue dans des atours d’une infinie beauté, parée d’élégance. Moi qui croyais m’en délecter dans son manteau blanc, qu’elle ne fût pas ma surprise de lui découvrir une saison intermédiaire ! On ne parle que d’été et d’hiver au sujet de l’Islande, du moins dans les guides touristiques. Fauve, animale, elle dont la faune sauvage est si pauvre, ses couleurs arborées avaient tout de la puissance féroce du soleil vivant, de la tâche qu’il laisse sur une peau mûre, de la morsure venimeuse du froid. D’or et d’ambre, de miel, de pain d’épices, fauve et caramel, elle est un ravissement pour l’âme et cette courte pause, n’a fait que renforcer mes sentiments pour elle. Je l’aime infiniment.

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Thème astral Astrologie astrologue

14 réponses

  1. Quel voyage!
    Quelque chose de particulier se dégage de ces paysages et quand tu en parles, on te sent en effet chez toi, dans un univers qui te correspond. Ce qui rend la découverte encore plus passionnante Ornella!
    Merci

  2. Oh mais que tu racontes divinement bien Ornella ! Tes mots si doux qui accompagnent tes magnifiques photos ! Merci de m’avoir fait voyager, je ne désespère pas de visiter un jour ce beau pays.

  3. Tu as un véritable sens de la photographie. J’adore passer mes yeux sur tes images.

    J’avoue avoir survolé les textes, car les photos m’attiraient l’oeil et me donnaient envie de plonger. Un moment de plaisir contemplatif.

  4. Ornella, cet article m’a tellement émue ! une merveille de poésie et de sensibilité ! tes textes si scintillants de lyrisme délicat, tes photos majestueuses, la beauté de l’Islande en hiver, toutes ces légendes (le rocher aux alliances…), cet amour, cette joie ! tu me donnes TELLEMENT envie d’Islande. Merci pour ce moment de grâce.

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